GUIDE DES TERROIRS REGIONAUX

LES GRANDES REGIONS VINICOLES

Les vins de la Loire qui dès le 10ème siècle connurent un franc succès dans le royaume de France, mais aussi dans celui d'Angleterre. Le vignoble ligérien produit des vins de toutes sortes : rouge, rosé et blanc sec, mousseux, moelleux... Parmi les vins jouissant d'une grande notoriété nous pouvons citer le Chinon, le Bourgueil, le Pouilly-Fumé, le Bonnezeaux.Des vignerons ont fortement contribué à faire de la Loire un vignoble haut de gamme, en produisant des vins d'une finesse impressionnante.

HISTORIQUE DE LA VALLEE DE LA LOIRE

L'histoire de la Loire et de ses vins se confond, noblesse oblige, avec l'Histoire de France.
A l'exception de la vigne du Pays Nantais plantée par les Romains, c'est autour du Vème siècle que l'on situe la naissance de la viticulture en Val de Loire. Quant au développement du vignoble, il provient de l'initiative de princes et de prélats.

En 582, Grégoire de Tours fait référence pour la première fois à l'existence du vignoble de Sancerre et de Touraine, même si Pline l'Ancien mentionnait déjà des vignobles sur les rives de la Loire. La création du vignoble autour du Château de Chalonnes apparaît quant à elle comme l'œuvre conjuguée du Comte d'Anjou et des autorités catholiques.
L'influence des moines Augustins et Bénédictins s'avère prépondérante dans le développement des différents vignobles, notamment en Touraine, sous l'impulsion des évêques et chanoines de Saint-Martin et en pays Nantais, sous celle des moines de l'abbaye de Vertou, au VIème siècle. Ainsi la réputation de certains vins s'accroît au cours du Moyen-Age : les vins de Saint Pourçain, à l'initiative de l'abbé de Cluny au Xème siècle, les vins d'Angers, mais aussi ceux de Sancerre et d'Orléans, issus du cépage auvernat.
Le manque de sûreté des routes fait de la Loire un moyen de circulation idéal. Celle-ci constitue donc l'une des raisons de l'existence et du développement des vignobles qui la bordent, elle facilite le transport et le commerce entre les différents ports fluviaux : de Saint Thébault, près de Sancerre, à Nantes, en passant par Orléans, Vouvray, Tours, Chalonnes et Angers.Le vignoble angevin connaît un véritable essor, lorsque Henri II Plantagenêt, comte d'Anjou, devient roi d'Angleterre en 1154: il fait en effet servir les vins d'Anjou à la cour, habitude que conservent ses successeurs Jean-sans-Terre et Henri III.

Ainsi, pendant près d'un millénaire, toutes les têtes couronnées de France et d'Angleterre contribuent à la réputation des Vins du Val de Loire. Capétiens, Plantagenêts et Valois, tous encouragent, depuis la Cour jusqu'aux châteaux de la Loire, la découverte et le développement de ces vignobles princiers.

Du Moyen-Age au XVème siècle, la bourgeoisie est à l'origine de l'extension des vignobles autour des villes d'Angers, de Saumur et d'Orléans, en obtenant l'abolition du droit de " banvin " qui accordait aux seigneurs l'exclusivité du commerce des vins. Ce développement des vignobles bourgeois autour des villes favorise les exportations vers la Flandre et les villes du nord de l'Europe, accroissant les expéditions de vins du Val de Loire à partir du port de Nantes: au XVIème siècle, près de 10.000 tonneaux y transitent, soit plus que n'en envoient la Rochelle et Bordeaux réunis.

Outre les exportations, la Loire facilite l'implantation de nouveaux cépages. Ainsi François Rabelais, au XVIème siècle, mentionne-t-il dans ses écrits les vins de Chinon issus du cépage " breton ", c'est à dire du cabernet franc originaire du Sud-Ouest et venu par le fleuve de la région de Nantes.

Quand François Ier autorise, en 1532, les Etats de Bretagne à maintenir à leur frontière d'Ingrandes un droit de commerce avec l'étranger, les vins du Val de Loire connaissent un nouveau développement. La douane d'Ingrandes va contribuer à stimuler la production de vins de grande qualité en amont, appelés " vins pour la mer " (vins blancs d'Anjou, de la Vallée du Layon, du Saumurois, de Vouvray), seuls capables de supporter la taxe pour être exportés, principalement à destination des Pays Bas.

La Renaissance voit l'apogée du rôle du Val de Loire au sein du Royaume de France. De Charles VII et Louis XI, qui font de Tours la capitale, jusqu'à Henri IV qui la ramène à Paris en 1594, le centre du pouvoir demeure dans la région. Les Valois, qui découvrent en Italie une nouvelle esthétique et un nouvel art de vivre, n'ont de cesse de les transposer dans le Val de Loire, en y faisant venir de nombreux artistes et artisans italiens, dont le plus célèbre d'entre eux, Léonard de Vinci. Ainsi naît ce qui sera appelé plus tard la première Renaissance française, au cours de laquelle sont rénovés les châteaux royaux d'Amboise et de Blois, puis construits des « châteaux de cour » destinés au plaisir, dont notamment celui de Chambord. Aux xviie et xviiie siècles, la région voit s'accroître son rôle d'axe de communication grâce à la création de canaux (de Briare et d'Orléans), ce qui constitue une période faste pour la marine de Loire. La Révolution n'entraîne pas de graves troubles dans la région et est globalement bien acceptée, à l'exception notable de la rébellion des paysans des Mauges au sud de l'Anjou. Au xixe siècle, l'apparition du chemin de fer introduit des changements radicaux dans le paysage ligérien, en faisant disparaître la navigation sur le fleuve, ainsi que l'activité des ports de Loire.

La recherche par le négoce hollandais de vins adaptés aux goûts de sa clientèle provoque alors un essor extraordinaire de la viticulture rurale, qui se prolongera jusqu'au milieu du XIXème siècle, dans les vallées de Sèvre-et-Maine, du Layon ainsi que dans la région de Saumur et jusqu'à Vouvray, les marchands hollandais s'approvisionnant hors des villes, afin d'échapper aux sévères contraintes des réglementations municipales.
Parallèlement à cette évolution, un arrêt du Parlement de Paris de 1577 oblige les marchands de vins à s'approvisionner à plus de vingt lieues de la capitale, entraînant le développement d'une viticulture de masse autour d'Orléans, Blois, ainsi que dans la vallée du Cher et en Sologne.
La Révolution française a des effets dévastateurs sur le vignoble ligérien, et plus particulièrement sur les vignobles angevin et nantais, théâtre des guerres de Vendée. Elle ne fait cependant que ralentir l'orientation, liée à la révolution industrielle, vers la production de vins courants, afin de répondre à la demande croissante de la population de la capitale.
Le développement de nouveaux moyens de transport oblige ces vignobles à faire face à la concurrence des vins du Midi. Dans cet environnement se dégage un élan vers la qualité. Mais celui-ci sera stoppé net, vers la fin du XIXème siècle, par la crise phylloxérique qui détruira une grande partie des vignobles.

Une fois la crise résolue, la recherche de qualité devient une préoccupation majeure et donne naissance à des appellations de grand renom. Ainsi seront reconnues, dès la première année (en 1936) comme Appellations d'Origine Contrôlée Muscadet, Sancerre et Vouvray. Suivront les vins des différents vignobles d'Anjou et de Saumur, de la Touraine et du Centre. L'ensemble des A.O.C. du Val de Loire peut donc revendiquer aujourd'hui avec fierté le patrimoine historique et culturel de la région.

 

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