GUIDE ANTHOLOGIQUE SUR LE VIN
POEMES SUR LE VIN
ODE TRIOMPHALE À LA GLOIRE DES MUSES ROMANES…
Maurice du PLESSYS 1924-1864
Io! le Délien est né!
     Si, parjure aux Grâces attiques,
     D'une brosse maldocte elle a,
     A quatre épaisseurs d'encaustique,
     Vernissé la Minerve antique
     Du plus barbare des éclats;
Ou que, d'une bouche sans foudre,
     Elle ait, parodique, tenté
     La buccine par quelle en poudre
     Jéricho vit son mur dissoudre,
    Et s'en soit la gueule éclaté:
Muses doctorales! Charites!
     Maudissez l'oeuvre impur et vain
     De celle de vous qui, du rite
     Affronteuse ou bien mal instruite,
     Au Pinde éternel contrevint!
Que ta juste nappe, ô Jodelle!
     Pour sa bouche n'ait plus de mets;
     Que, bâtard, son flanc n'ait plus d'aile
     Et que sa sandale infidèle
     Ne foule plus les purs sommets!
Mais s'elle a, dans la glaise cuite,
     Pétri de dix doigts tortueux
     La défaite d'Io dépite
     Tombant lasse de la poursuite
     Aux bras de Pan voluptueux;
Ou s'elle a, rompante les vignes,
     Nourri de soleil vingt flacons:
     Muses! l'élisez la plus digne
     Et le soin de sa main provigne
     Les vergers pompeux d'Hélicon!
Et puis ordonnez, beau-riantes,
     Vous, ô beau-ballantes enfants,
     Que la rose et le mélianthe
     Se tordent en tresses brillantes
     Autour de son front triomphant!
Puis, ô vous, beau-chantante troupe,
     Fêtez! puis ô vous et chantez
     Celle mieux chère à Callioupe
     Pour qui va tonner dans la coupe
     Le vin de l'Immortalité!
Tu le sais, toi, Muse, ma mère!
     Si de toi l'honneur que j'attends,
     Autre fut jamais que d'Homère
     Renouer la corde primaire
     A la lyre des nouveaux temps!
Tu sais si ma joue, au barbare
     Implacable et riche en haros,
     N'a rompu les flûtes avares
     Et tordu l'airain de Pindare
     Avec le poumon des héros!
Tu sais si mon bras, grave aux taures,
     Les a pas, beuglantes, courbé's
     Et si j'ai, vidant sa pléthore,
     Plongé dans la tripe au Centaure
     Toute la longueur de l'épé'!
Et si jamais soye autre trace
     Que poursuivie ai-je et suivrai
     Que de rendre le luth de Thrace,
     Le luth de Ronsard et d'Horace,
     A Ce Moréas bien lauré!
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